Grossesse à risque, béance du col et cerclage : dernière bataille pour être maman
Au bout de neuf années d'infertilité inexpliquée, cinq fausses-couches dont deux tardives et une batterie d'examens gynécologiques, j'ai finalement appris que je souffrais d'une béance du col de l'utérus fonctionnelle. Qu'est-ce que c'est ?
"Incompétence cervico-isthmique", ou "insuffisance cervico-isthmique", ou" béance isthmique", ou "béance congénitale de l'orifice interne du col utérin".
→ Il s'agit d'une anomalie de la zone cervico-isthmique du col utérin, caractérisée par l'incapacité de l'orifice interne du col utérin, durant la grossesse, de jouer son rôle de verrou (de sphincter) par la destruction traumatique de ses fibres musculaires ou par leur inefficacité constitutionnelle, congénitale. Elle a été décrite pour la première fois par Palmer et Lacomme en 1947.
Il existe trois formes d'incompétence cervico-isthmique. La mienne est fonctionnelle :
elle est caractérisée par l'absence d'anomalie anatomique pouvant être en évidence, en dehors de la grossesse, pour permettre d'évoquer le diagnostic d'incompétence cervico-isthmique. Ce n'est donc qu'au cours de la grossesse que les signes cliniques et échographiques apparaissent.
A cause de cette béance fonctionnelle, qui n'est donc visible que pendant la grossesse, j'ai perdu deux princesses à 13 et 14 semaines de grossesse.
Premier trimestre :
Le premier trimestre n'était déjà pas de tout repos. Après le test positif et les premières prise de sang, pour une fois toutes encourageantes, les nausées ne se sont pas faites attendre, comme à chacune de mes grossesses d'ailleurs! Dès la 5ème semaine, du lever au coucher, j'étais très très nauséeuse à un point où je ne savourais rien et n'étais bonne à rien. Les vomissements intempestifs s'ajoutent aux nausées assez rapidement. Je n'osais plus sortir, d'un, car j'étais plutôt mal en point, et de deux, car j'avais peur de vomir à chaque seconde. Et cela jusqu'au deuxième trimestre.
A partir de la 8ème semaine, la peur de ma béance commençait à grandir. Je décidais donc de commencer à m'aliter par précaution, jusqu'au cerclage prévu initialement à 13 semaines de grossesse.
Les premières échos étaient très bonnes, bébé se développait bien. Je commençais à croire en une grossesse évolutive.
La première échographie officielle des 12 semaines arrivait, et là, d'entrée, à la tête de l'échographe, je sentais qu'il y a avait un souci. J'avais l'expérience avec mon passé gynécologique. Bébé allait bien, ouf, mais mon col, lui, commençait déjà à s'ouvrir dangereusement! De là, il me demanda quand était prévu le cerclage, et, à ma réponse, il refaisait sa tête pas rassurante du tout. A cette seconde, tout était clair dans ma tête, tout se passera comme JE le déciderai cette fois. Je ferai tout pour garder ce bébé dans mon ventre le plus longtemps possible, coûte que coûte!
En sortant de l'échographie, qui se passait dans mon hôpital de suivi et d'accouchement, j'étais déterminée à me faire entendre. J'ai donc, de suite, harcelé mon médecin, tout en étant posée à la cafétéria de l'hôpital, décidée à ne pas en ressortir sans cerclage d'urgence.
Après une bonne heure, je réussissais enfin à l'avoir au téléphone. Je lui expliquais, paniquée et déterminée à la fois, ce que l'échographe m'avait dit, et lui faisais part de ma volonté d'être hospitalisée sur le champs et cerclée au plus vite. Il était un peu réticent, me disant que c'était encore tôt, qu'il n'était pas très pour etc... Mais, face à ma détermination sans faille, il céda assez rapidement. J'avais donc réussi à me faire hospitaliser.
Maintenant, fallait convaincre la chef de service de me faire le cerclage en avance. Heureusement pour moi, je la connaissais et elle aussi. C'était elle qui m'avait accouchée de ma deuxième princesse (deuxième fausse-couche tardive). Elle se souvenait très bien de moi, de mon désespoir et de ma grande tristesse. De plus, avec mon passé, j'avais de quoi plaider ma cause. Ce fût donc finalement assez facile de la convaincre. Tout le personnel médical était favorable pour me cercler au plus vite. Et, à ma grande surprise, j'ai même eu pour consigne, suite à un toucher vaginal de la chef de service, en attendant mon cerclage, à un alitement total. Aie! Cela voulait bien dire que l'ouverture de mon col n'était vraiment pas rassurante. Je ne devais donc pas quitter le lit pour quelque raison que ce soit, y compris pour les urines et la scelle... Je devais attendre quarante-huit heures pour le cerclage afin de s'assurer, avant, qu'il n'y avait pas d'infection quelconque. J'ai eu le droit à plusieurs prises de sang, une sonde urinaire, une bassine pour les scelles, et une perfusion. Youhou! Mais j'étais prête à tout endurer pour mener cette grossesse le plus loin possible, et donner une chance à mon bébé de vivre. Le cerclage c'est quoi?
Le cerclage du col de l'utérus est une procédure chirurgicale exécutée pendant la grossesse qui consiste à placer une suture autour du col de l'utérus. Le but est d'apporter un soutien mécanique au col de l'utérus et de réduire ainsi le risque d'accouchement prématuré. Au cours d'une grossesse normale, le col de l'utérus reste complètement fermé, ce qui permet à la grossesse d'arriver à terme. Vers la fin de la grossesse, le col de l'utérus commence à se raccourcir et se détend progressivement, en préparation à l'accouchement et à la naissance. Il arrive parfois que le col de l'utérus se raccourcisse et se dilate trop tôt, ce qui peut entraîner une fausse couche tardive ou un accouchement prématuré.
A 12 semaines et 3 jours, je me faisais donc cercler sous anesthésie locale. Tout s'était bien passé, bébé était toujours bien au chaud et en bonne santé. Ouf! J'étais tellement soulagée d'être enfin cerclée.
Deuxième trimestre :
Un mois plus tard, soit à 16 semaines, le premier contrôle post cerclage était rassurant. Le cerclage était bien fixe et n'avait pas bougé, et mon col était stable. Je commençais à respirer et avoir confiance en cette grossesse "assistée". Je rentrais chez moi, toujours avec un alitement soutenu, mais rassurée. Je me levais seulement pour aller aux toilettes, manger, et vomir... Mais pour bébé, j'étais prête à tout subir. En plus, je commençais à le sentir. Pour la première fois de ma vie, après cinq grossesses infructueuses, je savourais enfin ce bonheur inestimable.
Un autre mois plus tard, soit à 20 semaines, deuxième contrôle post cerclage. Et là, l'angoisse!
Quand tout bascule...
Lors de cette deuxième échographie, les nouvelles n'étaient plus bonnes du tout. Malgré le cerclage, mon col s'était ouvert... Il s'était raccourci à 1,9 cm et la poche des eaux était bombante (elle commençait à s'engager dans mon col). Le cerclage était toujours en place, mais la poche s’y immisçait doucement. "Alerte générale", j'ai été hospitalisée en urgence, avec alitement total recommandé, et sous surveillance.
On évitait les touchers vaginaux, et une semaine plus tard, nouveau contrôle. De 1.9 cm, mon col s'était à nouveau raccourci à 1.7 cm. La poche des eaux était toujours bombante, et le cerclage maintenait sa position. L'hospitalisation, l'alitement, et la surveillance étaient maintenus. L'objectif étant d'atteindre le seuil de viabilité d'un bébé, soit 24 semaines de grossesse, on m'a transférée dans une maternité de type III, la mienne étant de type II. Il existe trois niveaux de prématurité :
La prématurité moyenne : naissance entre la 32 ème et 36 ème semaine d'aménorrhée révolue (7 à 8 mois de grossesse). En dessous de 35 semaines, un bébé doit être transféré avec sa maman dans une maternité de type II comportant une unité de néonatalogie. Il est généralement peu exposé au delà de la 35/36 ème semaine. Dans un grand nombre de cas, il est simplement plus fragile mais il peut rester sur place, sous la surveillance du pédiatre de la maternité.
La grande prématurité : naissance entre la 28 ème et 32 ème semaine (6 à 7 mois de grossesse). Il doit bénéficier de soins particuliers en unité de réanimation néonatale où il est transféré après sa naissance. S'il est né dans une maternité de type III, il est soigné sur place.
La très grande prématurité : naissance avant 28 semaines (6 mois). Il doit absolument être transféré dans un service de réanimation néonatale ( à moins qu'il ne soit né dans une maternité de type III).
Le seuil de viabilité d'un bébé est de 24 semaines, et/ou avec un poids de 500g minimum. Mais ,à ce terme, ses chances de survies sont très minces, et, s'il y arrive, les risques d'handicaps sévères sont très élevés.
A la 20ème semaine, ça y est, la menace d'accouchement prématuré planait sur ma tête...
De la 20ème à la 23ème semaine de grossesse, j'étais donc sagement alitée sur mon lit d'hôpital, à survoler un grand nombre de forums et de sites sur les grands prématurés. D'un côté, mon objectif à ce moment-là (je me fixais des paliers à atteindre) était d'atteindre ce fameux seuil de viabilité, et d'un autre côté, ce que je lisais sur les très grands prématurés me faisait extrêmement peur, et ne me rassurait pas du tout. Il était inconcevable que j'accouche avant au moins 28 semaines!
Je vivais chaque jour avec la peur au ventre. Cette grossesse était tellement précieuse, tellement attendue, elle ne pouvait pas s'arrêter maintenant, pas avant plusieurs semaines! Je devais absolument, pour la santé de mon bébé, tenir jusqu'à la 28ème semaine au minimum.
Les choses se gâtent...
A 23 semaines et 3 jours, l'angoisse monte... Nouveau contrôle du col et du cerclage, et verdict : le col s'était raccourcit à 0.9 mm! Je n'avais presque plus de col. Seul mon cerclage faisait tenir les millimètres restants et empêchait la poche des eaux de se rompre. Mon médecin, après m'avoir bien fait paniquer, me disait de ne pas stresser et de garder mon calme pour ne pas provoquer de contractions. A ma grande surprise, malgré la peur immense de perdre mon bébé, et avec la boule au ventre, je réussissais à garder un calme olympien. L'amour de mon bébé me faisait réaliser des prouesses sur le contrôle de mes émotions.
A la suite de ce contrôle plus qu'alarmant, j'ai donc été transférée dans une maternité de type III, au cas où j'accoucherais prématurément.
Mon arrivée là-bas était très stressante et l'attente pour avoir une chambre a pris des heures! Je suis restée sous monitoring toute la soirée. A minuit passé, enfin on m' installait! J' étais épuisée et la peur me rongeait toujours. Il faisait très chaud, la climatisation ne fonctionnait pas, et le confort n' y était pas. Je regrettais déjà les sages-femmes auxquelles je m'étais attachées et la chambre bien plus agréable de ma maternité d'origine. Et puis mes médecins aussi me manquaient. Ici, je ne connaissais personne. J' étais seule et malheureuse...
Le lendemain, en début d'après-midi, j'ai eu le droit à la visite de plusieurs médecins, tous en blouse blanche, et avec un air très grave. Je me préparais psychologiquement à ce que j'allais entendre, et j'avais bien raison...
Après s'être présentés, le pédiatre qui allait réanimer mon bébé, si j'accouchais, prenait la parole. Il m'expliquait ce que j'avais déjà lu sur le net... Les risques de gros handicaps que mon bébé aurait, les souffrances qu'il subirait, et les risques de mortalité à ce terme. Tout ça pour me poser finalement LA question : "souhaitez-vous que l'on réanime votre bébé et, si oui, jusqu'où souhaitez-vous que l'on pousse la réanimation et l'assistance médicale ?"
Comme je m'étais déjà renseignée et préparée à ce moment précis, je savais déjà ce que je voulais et ce que je ne voulais pas. Je leur ai demandé de réanimer mon bébé à la naissance, mais que s'il était trop faible et trop exposé à des séquelles graves... A cet instant, j'avais du mal à parler et les larmes que je retenais tant bien que mal depuis la veille s'écoulaient, sans que je ne puisse plus les retenir... Et que donc, si mon bébé ne montrait pas des signes encourageants de "bonne" survie, je ne voulais pas d'un acharnement thérapeutique, et que j'acceptais qu'ils le laissent "partir" sans souffrir...
Quel moment horrible ce fut! J'étais loin de ma ville d'origine, en plein été sans climatisation, avec un personnel que je ne connaissais pas, dans une chambre que je détestais, seule avec mon bébé que je risquais de perdre... Ici-même!
Après quelques jours, mon état était stable. Ouf! Et comme j'étais dans une maternité de type III, mais que rien ne se passait depuis mon arrivée, je devais rentrer chez moi à la fin de la semaine, avec comme prescription un alitement et du spasfon (que je prenais déjà tous les jours depuis plusieurs semaines). J'avais une échographie et un contrôle de mon col programmés à la veille de mon départ, et si tout restait stable, je devais rentrer. J'étais choquée! Comment pouvais-je penser à un retour à la maison, alors qu'il me restait 0.9 mm de col et une poche bombante sur le cerclage, qui, lui, menaçait de céder à tout moment?! Il en était hors de question! Je ne pouvais pas rentrer chez moi à 24 semaines de grossesse avec tous les risques que j'encourrais...
Je les laissais quitter ma chambre, et la porte à peine refermée, j'attrapais mon téléphone et appelais le médecin de ma maternité. Après trois semaines d'hospitalisation chez eux, j'avais fait le tour de tous les médecins de garde, la chef de service qui me connaissait encore mieux maintenant, et toutes les sages-femmes, infirmières et aide-soignantes. Peu importe sur qui je tombais, j'étais déterminée à faire en sorte qu'ils me reprennent en hospitalisation, et même qu'ils joignent la maternité où j'étais pour qu'ils organisent, entre eux, mon transfert dans ma maternité à la place d'un retour à domicile. Et ma détermination à eu raison d'eux!
Un transfert à haut risque!
Le matin de mon transfert, qui devait avoir lieu en début d'après-midi, je commençais à ressentir des maux de ventre. Depuis quelques jours, j'étais constipée... Faut dire que le changement d'alimentation était radical. J'étais passée d'un régime pauvre en calories dans ma maternité d'origine à une alimentation bien plus riche et bien moins diététique. Bref, la douleur était de plus en plus gênante, et je décidais donc d'en faire part aux infirmières afin qu'elles me donnent quelque chose pour me soulager. J'ai donc eu le droit à du forlax (un laxatif). Au début, je sentais que ça me faisait du bien, j'avais même été à la scelle, mais la suite était bien plus catastrophique...
Mon ambulance était arrivée, et les ambulanciers m'emmenaient sur un brancard à l'accueil afin de faire ma sortie. En attendant notre tour, les maux de ventre revenaient doucement. Ce n'était pas encore de la douleur mais c'était vraiment désagréable. J'avais hâte de quitter cet hôpital de malheur et retrouver le calme et le confort de ma maternité. Enfin, au bout d'une bonne heure, on se dirigeait vers l'ambulance, les papiers en règle et en mains!
Chanceuse comme j'étais, j'avais eu le droit à un pilote de formule 1... On aurait dit que ma vie était en jeu tellement il roulait vite! Et pour celles qui ont eu l'expérience d'être transportées en ambulance ET sur un brancard, nous sommes d'accord sur le fait que les secousses se font extrêmement bien ressentir! Je m'accrochais de toutes mes forces sur les barreaux afin d'amortir au mieux les secousses. Seulement voilà, les secousses étaient tellement fortes que mes maux d'estomac se transformaient doucement en douleur.
Arrivée à l'hôpital, j'attendais juste une chose, retrouver ma maternité, ma chambre, et me reposer en espérant que la douleur passe enfin. Mais ce retour tant attendu s'était transformé en catastrophe...
Quand le sort s'acharne...
A peine installée dans ma chambre, la douleur s'accentuait. Ma constipation s'était transformée en forte diarrhée. Les crampes s'intensifiaient, je faisais la navette entre mon lit et les toilettes, et les calmants n'y faisaient rien. Du sang était même présent dans mes scelles. Je commençais vraiment à souffrir le martyr et à flipper! J'ai été examinée en urgence dans ma chambre, le personnel commençait à s'inquiéter de ma grande douleur et se demandait si cela n'avait pas provoquer des contractions, voire même un début de travail prématuré...
La douleur avait atteint son paroxysme, j'étais en larmes comme jamais je ne l'ai été, je hurlais de douleur, ça ne s'arrêtait pas de s'intensifier, je n'en pouvais plus! Tout le monde était définitivement dans la panique la plus totale et désarmé face à ma douleur qui ne cessait de s' accroître.
Un accouchement évité in extremis...
Le médecin prit la décision de me transférer en salle d'accouchement et de me prescrire une péridurale, d'un, pour calmer cette douleur ressemblant à des contractions, et de deux, en vue d'un possible accouchement.
Sur le chemin de ma chambre à la salle d'accouchement, j'étais à deux doigts de m'évanouir tellement j'avais mal, la douleur était tellement forte que je voulais mourir pour ne plus souffrir! Je n'ai jamais autant souffert physiquement de toute ma vie. Je n'en pouvais plus de cette douleur incessante, de cette grossesse "maudite", et de tout ce que j'endurais tant physiquement que psychologiquement depuis plusieurs semaines : l'alitement, l'hospitalisation, les examens gynécologiques à répétition et sans fin, le cerclage, mon col (ou du moins ce qu'il en restait), et de cette épée de Damoclès constamment au-dessus de ma tête!
C'en était trop pour moi, à cet instant précis, je voulais que tout s'arrête, TOUT...
Pliée en "mille" de douleur et de ras-le-bol, j'exécutais les demandes de l’anesthésiste qui tentait de me poser la péridurale malgré les cris et les sanglots.
Et moins d'une minute plus tard... Aaahhhhh! La plénitude! Le pied! En quelques secondes à peine, j'étais passée d'une souffrance atroce à RIEN. Plus aucune douleur. Le bien-être à l'état pur. Je planais. Quel plaisir de ne plus souffrir du tout! Les premiers mots que j'ai prononcés étaient : "vive la péridurale"!
L'euphorie de ne plus souffrir étant passée, je reprenais mes esprits sur la situation, et la peur d'accoucher à 24 semaines reprit le dessus. Je repensais à nouveau à mon bébé et aux risques qu'il encourait s'il naissait maintenant.
La chef de service et le pédiatre de garde m'expliquaient, à leur tour, ce que les médecins de la maternité de type III m'avaient déjà expliqué, à savoir les risques d'un accouchement à ce terme et le déroulement de la réanimation de mon bébé. Et, comme je n'étais plus dans une maternité de type III mais II, ils m'informaient également que mon bébé serait transféré en urgence et en hélicoptère dans l'hôpital que je venais de quitter. Sauf que moi je n'étais plus sûre de retrouver ma place...
La couveuse pour le transfert de bébé était prête et près de moi. J'étais sous monitoring depuis mon arrivée, et j'essayais de retrouver mon calme après cette "tempête". Je m'étais mise dans une bulle, avec mon bébé, et je tentais de croire en une bonne étoile. Je priais pour lui, pour qu'il reste encore au chaud dans mon ventre et qu'il continue son développement dans la meilleure des couveuses, mon utérus.
Je passais la nuit en salle d'accouchement, seule, dans le calme. Après deux bonnes heures, je finissais enfin par m'endormir. Le lendemain matin, j'étais réveillée par les sages-femmes, avec un petit-déjeuner bien mérité! Je n'avais rien avalé depuis la veille, midi.
Pendant que je me "jetais" sur mon plateau, les sages-femmes me faisaient un résumé de la veille. Le Forlax qu'on m' avait donné à forte dose m'avait provoqué une forte diarrhée qui, elle, avait dû me provoquer des contractions. La péridurale ayant "soulagée" tout ça, le travail ne s'était heureusement et finalement pas déclenché.
Plus tard, dans la matinée, j'ai eu le droit à un dernier contrôle du col et du cerclage en salle d'accouchement. Miraculeusement, mon col n'avait pas bougé et le cerclage avait tenu le coup! Je n' en revenais pas. Quel soulagement. Je pouvais enfin remonter dans ma chambre, sans douleur, et, surtout, avec bébé toujours au chaud dans mon ventre! Je pouvais maintenant savourer mon retour dans ma maternité et reprendre le cours de mon alitement et mon hospitalisation.
Retour au calme...
Au cours des dernières péripéties, j'avais eu le droit à plusieurs échographies de bébé, avec des photos pour maman! Et, au terme où j'étais, le sexe n'étais plus un mystère depuis longtemps... Cette fois-ci, c'était un p'tit gars! Je ne me lassais pas de regarder les photos, encore et encore. J'étais tellement fière de lui, c'était déjà un battant, comme sa maman! Un petit guerrier qui forçait mon admiration, d'abord, par son arrivée surprise, et ensuite, par son développement toujours au-dessus des moyennes, malgré tout ce que sa maman endurait depuis les premières semaines. Il n'était pas ménagé mais il tenait le coup!
Les sages-femmes, ayant toutes entendu parler de mon retour fulgurant, me faisaient toutes la même remarque : "si votre cerclage a tenu après tout ça, il tiendra jusqu'au bout!" Cela me faisait un bien fou de les entendre dire ça! Ça me rassurait tellement. C'est vrai, me disais-je, elles n'ont pas tord. Si cette douleur extrême et toutes les contractions qu'elle m'avait provoquées n'avaient pas eu raison de mon cerclage, c'est qu'il pouvait tenir encore plusieurs semaines, et supporter ma poche bombante.
Un jour après l'autre...
Me voilà donc à 24 semaines de grossesse révolues. Mon premier cap était atteint. Depuis mon hospitalisation, je tenais un calendrier avec les paliers importants que je devais absolument atteindre. Certes, celui des 24 semaines était crucial, mais mon réel objectif, au minimum, était celui des 28 semaines. Je devais sortir de la très grande prématurité qui n'aurait laissé que trop peu de chances de survie à mon bébé. J'étais prête encore et jusqu'au bout à tout subir pour y arriver. J'étais donc restée sagement sur mon lit d'hôpital, essayant de garder le moral. J'avais huit semaines à tenir encore au minimum.
Deux semaines plus tard, je gardais le cap! Seulement voilà, lors de la visite quotidienne des médecins, ceux-ci me faisaient part d'un retour à la maison programmé. Pardon?! Je ne m'y attendais pas du tout, et surtout, je n'y étais pas préparée. La peur était en train de me gagner... Je les écoutais m'expliquer, qu'à part me donner du Spasfon quotidiennement et l'alitement que je gardais, ils ne feraient rien de plus que je ne pouvais faire chez moi. Et comme mon col se stabilisait à 0.9 mm depuis 3 semaines, et que mon cerclage tenait bien, j'étais stable. Seulement chez moi, je n'avais pas une panoplie de médecins prêts à intervenir au cas où! Et puis c'était psychologique, le fait d'être à l'hôpital me rassurait, et au vu de ma grossesse, j'en avais besoin! Je ne voulais pas de stress supplémentaire. J'en avais déjà bien suffisamment. Ils étaient étonnés de ma réaction et de mon envie de rester absolument hospitalisée. Ils avaient plutôt l'habitude des réactions inverses et bien sûr, qu'en dehors de cette grossesse à haut risque, je n'aurais attendu qu'une chose : rentrer chez moi. Mais là, il en était hors de question et surtout pas avant d'avoir atteint les 28 semaines! Je les ai donc supplié, au nom de tout ce que je venais d'endurer ces dernières semaines, de me garder au moins quinze jours de plus. Face à mon supplice et aux risques que j'encourrais encore si j'accouchais avant 28 semaines, ils acceptaient ma requête. Ouf!
Troisième trimestre :
Retour à la maison...
Ça y est! J'avais réussi à atteindre les 28 semaines! Je sortais de la très grande prématurité et j'entrais dans la grande prématurité. Quel exploit! J'étais en menace d'accouchement et hospitalisée depuis 8 semaines, et voilà le moment tant redouté pour moi : le retour à la maison. Bien sûr, j'étais contente de rentrer, je n'en pouvais plus de l'hôpital, mais si je pouvais avoir tous les médecins chez moi ça aurait été le top! Heureusement, pour me rassurer et continuer une surveillance soutenue, mon médecin m'avait prescrit une sage-femme à domicile tous les jours, avec un monitoring à faire, jusqu'au décerclage. Le décerclage (retrait du cerclage) était prévu à 37 semaines de grossesse, une fois sortie de toute prématurité. Une grossesse étant considérée à terme après 37 semaines de grossesse révolues (8 mois).
Mon départ était assez émouvant. Je m'étais attachée aux sages-femmes, aux infirmières, aux aides-soignantes, et aux médecins qui, au fil des semaines, avaient fini par se "décoincer" et montrer leur attachement réciproque. Nous avons vécu une vraie "aventure" remplie de grosses frayeurs et de petites victoires.
Le jour J était donc arrivé, et quelques heures plus tard, me voilà allongée sur mon canapé, dans mon salon. Cela me faisait très bizarre, et en même temps, quel bonheur d'être chez soi! Finalement, je savourai plus que je ne l'avais pensé, d'être rentrée.
Je gardais espoir d'atteindre mon deuxième grand palier : les 32 semaines (7 mois), celui qui me permettrait de rentrer dans une prématurité moyenne et, ainsi, donner toutes les chances à mon bébé de vivre en bonne santé! Et la cerise sur le gâteau serait que je pourrais accoucher dans ma maternité.
Je passais donc, tranquillement chez moi, et toujours bien alitée, non pas 4 semaines supplémentaires, mais 8! Cela faisait deux mois que mon col tenait bon! L'échographie du troisième trimestre était parfaite! Bébé avait bien grandi. Je souffrais du bassin depuis plusieurs semaines mais, à part, ça RAS. J'avais donc missionné la famille pour me faire les premiers achats nécessaires pour après l'accouchement, en attendant que je sois apte à me déplacer.
Décerclage : tout s'accélère!
C'était incroyable et bien au-dessus de toutes mes espérances! J'étais arrivée à 37 semaines de grossesse. Waouh! Je revenais de loin, de très loin. Après avoir eu très peur d'accoucher d'un très grand prématuré, et qu'il ne survive pas, j'avais mené cette grossesse à terme! Mon fils ne risquait plus rien, et s'il naissait, il serait en parfaite santé! J'étais tellement fière de nous. Nous avions gagné plusieurs batailles et, aujourd'hui, nous gagnions la guerre!
J'arrivais tout sourire vers mon médecin, heureuse et fière du chemin parcouru. il était ravi pour moi et était tout aussi souriant. Enfin, on se voyait depuis longtemps dans de bonnes conditions.
Quinze minutes plus tard, je sortais de son cabinet, décerclée! Je m'attendais à perdre les eaux à la seconde où elle l'aurait retiré, mais non... Une fois rentrée, je reprenais sagement mon alitement. Même si je pouvais maintenant accouchée sereinement, je voulais qu'il profite encore le plus possible dans mon ventre.
Le surlendemain, à 5h du matin, alors que je m'apprêtais à m'endormir (je souffrais d'insomnies depuis plusieurs semaines), je perdais les eaux. Avec l'expérience de mes deux fausses-couches tardives, j'en étais certaine, ma poche s'était fissurée et le liquide amniotique s'écoulait doucement de façon continue.
J'arrivais à la maternité vers 6h30, et mon médecin décida de me déclencher l'accouchement vers 9h00. En début d'après-midi, les premières contractions se faisaient sentir, et la péridurale m'avait été posée un peu plus tard.
A 23h45, après une dizaine d'heures de travail acharné, de douleurs intenses malgré la péridurale (mauvais timing), et une épisiotomie, à 37 semaines et 2 jours (8 mois), j'accouchais de mon fils, en pleine santé! Il mesurait 49 cm et pesait 3,040 kg. Il était magnifique!
A 34 ans, après 9 années d'infertilité, 5 fausses-couches, 1 curetage, 2 IAC, 1 FIV, une béance du col et un cerclage, j'étais ENFIN maman! La vie n'a pas été tendre avec moi pour devenir mère, mais mon rêve était bien plus grand qu'elle...
Ne renoncez jamais à ce qui vous tiens à coeur, battez-vous corps et âme, et relevez-vous après chaque échec, peu importe le nombre. Faites-vous confiance, croyez en vous et en votre instinct. Ne laissez personne, ni les plus grands médecins, ni les plus grands savants, aller à l'encontre de votre intuition la plus profonde, concernant votre santé physique et psychologique ainsi que celle de vos enfants. Derrière chaque blouse et chaque diplôme, il y a un être humain, et l'erreur est souvent humaine... Ne sous-estimez pas le pouvoir de votre intuition, et encore moins celui de votre instinct de maman.
Ne renoncez jamais à ce qui vous tiens à coeur, battez-vous corps et âme, et relevez-vous après chaque échec, peu importe le nombre. Faites-vous confiance, croyez en vous et en votre instinct. Ne laissez personne, ni les plus grands médecins, ni les plus grands savants, aller à l'encontre de votre intuition la plus profonde, concernant votre santé physique et psychologique ainsi que celle de vos enfants. Derrière chaque blouse et chaque diplôme, il y a un être humain, et l'erreur est souvent humaine... Ne sous-estimez pas le pouvoir de votre intuition, et encore moins celui de votre instinct de maman.
Un immense MERCI à tous le personnel de la maternité de l'hôpital Marne-la-Vallée de Jossigny : la chef de service, les gynécologues de garde, les sages-femmes, les infirmières, et les aides-soignantes.
Ils ont été d'un soutien exceptionnel et extraordinaire. J'ai bien évidemment été suivi par une psychologue de l'hôpital toute la durée de mon hospitalisation. Elle a été d'un grand soutien également. L'alitement, l'enfermement et la dépendance physique sur plusieurs mois ont été vraiment très difficile à supporter. Mais l'amour d'une mère est plus grand que TOUT!
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