Baby Blues
" La source des émotions est en nous et non pas dans les événements qui les provoquent."
Henri Boucher.
Et pour l'avoir eu, je confirme, ce n'est pas "juste" un petit coup de blues à cause de bébé. Non, c'est bien plus profond. Et même si le "baby blues" n'est pas aussi inquiétant que la dépression post partum, qui elle, est encore plus profonde, beaucoup plus longue, et nécessite un suivi psychologique, c'est quand même difficile à vivre et à surmonter. Quand je survole les définitions sur internet, je trouve que leur description est plutôt légère et expéditive.
Le baby blues tel que je l'ai vécu et ressenti :
Après l'accouchement, on se retrouve avec toutes nos hormones en ébullition, juste pour nous! Nous avons passé en moyenne huit longs mois avec un petit être qui grandissait en nous. Et en quelques heures, on se retrouve "seule". Notre corps s'est transformé au fil des mois pour offrir la meilleur des couveuses à un être en devenir. Et notre esprit s'est centré principalement sur lui, ne faisant déjà plus qu'un avec lui. Avant même de le rencontrer, notre amour pour lui était déjà inconditionnel. Et du jour au lendemain, plus rien. Ou plutôt, plus personne en nous. Ce petit être tant attendu depuis des mois, tant imaginé, idéalisé, était là, devant nous. En moins de 24 heures, notre vie ne nous appartient plus. On se retrouve "esclave" de ce bébé, de ses moindres besoins et envies. Bien sûr nous le faisons avec l'amour d'une maman, mais au bout de quelques jours, des émotions plus que désagréables nous submergent tel un tsunami!
Pour ma part, je ne dormais et ne mangeais quasiment plus depuis la naissance de mon fils. Je me mettais à pleurer d'un seul coup et sans raison apparente. Partout. Dans ma douche, quand bébé dormait, dehors en allant faire une course. N'importe où et n'importe quand. Ce n'étaient pas des petites larmes, non, c'étaient de très gros sanglots! A un point où je me disais même, que si quelqu'un me voyait pleurer (heureusement il faisait très froid, et je cachais une bonne partie de mon visage avec ma grosse écharpe), il se dirait qu'il m'est arrivé à moi ou à un de mes proches quelque chose de très grave. Non non, je venais "juste" d'être maman...
Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait, et cela m’agaçait au plus au point! Je connaissais le baby blues, et pourtant je n'y ai pas pensé un seul instant.
J'avais tellement désiré ce bébé, je m'étais battue pour l'avoir, je l'aimais tellement fort, et pourtant, depuis qu'il était là, j'étais malheureuse comme un poux! C'est difficile de décrire les émotions négatives qui nous envahissent, ainsi que la grande culpabilité de les ressentir, et puis je pense qu'elles sont propres à chacune. Mais d'une manière globale, c'était plutôt des réflexions existentielles qui me traversaient l'esprit. Telles que : Qu'est-ce que t'as fait (d'avoir eu un bébé)? Tu t'es battue des années pour ça, et regarde ton état...Quelle va être ta vie maintenant? Vas-tu réussir à l'assumer ? Vas-tu arriver à vivre pour toi maintenant? Tu ne seras plus jamais "seule", un être humain dépend de toi... Tu devras vivre en fonction de lui tout le temps... Tu n'est plus que la fille de... Toi aussi t'es un parent... etc...
J'étais tellement triste. J'aimais déjà mon fils à la folie mais je n'arrivais pas être à "heureuse". Je démarrais au quart de tour, j'avais une sensibilité exacerbée, et j'étais très irritable. Je me disais que c'était sûrement la fatigue, le contre coup de ma grossesse très difficile et éprouvante, les hormones... J'étais sûr que ça passerait rapidement. Mais trois semaines plus tard, j'étais dans le même état!
J'essayais de contrer toutes ces émotions qui me gâchaient la vie et l'arrivée de mon fils! Mais plus je les "combattais" et plus elles persistaient...
Comment j'ai réussi à m'en défaire :
Cela faisait donc plus de trois semaines que j'étais dans cet état de tristesse et de dépression. J'en avais vraiment marre de ne pas réussir à contrôler ces émotions, et de ne pouvoir savourer mon nouveau statut de maman.
Et un matin, j'étais au téléphone avec une amie qui avait elle-même quatre enfants, et lui faisais part de mon état. Je savais qu'avec elle je pouvais parler sans honte et sans gêne. Je me suis donc "lâchée" et je lui ai tout "balancé" sur ce que je ressentais ces dernières semaines.
Et quand j'eu fini, quel soulagement de l'entendre me dire : "c'est complètement normal, tu fais un baby blues."
Mais oui me disais-je! Je n'y avais même pas pensé! Faut dire que j'étais loin d'imaginer que le fameux baby blues c'était ça! J'imaginais, comme beaucoup de médecins et de sites "médicaux" le décrivent, une petite déprime passagère, qui ne dépasse pas quinze jours.
Et bien non! C'est quand même bien plus profond et perturbant.
Alors je lui disais combien c'était dur de ressentir tout ça et de ne pouvoir se contrôler. Qu'à côté de ça, je me sentais coupable de ressentir ce que je ressentais. Que j'aimais mon fils comme jamais je n'ai aimé qui que ce soit, mais que je n'en pouvais plus d'être dans cet état, et que je n'arrivais pas à en sortir. Cela commençait à m'inquiéter, je me demandais si ce n'était pas plutôt une dépression post partum...
De là, elle m'expliquait qu'elle aussi, l'avais vécu pour son dernier, et qu'elle aussi avait essayé de combattre ses émotions. Puis elle me rapporta ce qu'une amie lui avait elle-même expliquée et conseillée :
Arrête de vouloir combattre tout ce que tu ressens et surtout ces fameuses émotions! D'un, tu te rends bien compte que tu n'y arrives pas... Et de deux, c'est exactement l'inverse que tu dois faire. Laisse ces émotions ressortir, n'essaye pas de les refouler, plus tu le feras plus longtemps cela durera. Ces émotions sont normales et légitimes, que ce soit d'un point de vue physiologique et psychologique.
Quel soulagement! Rien que de l'avoir entendu me dire tout ça , je me sentais déjà moins coupable. Bon j'étais toujours dans le même état, mais la culpabilité en moins. Et surtout j'y voyais plus clair, et j'avais pu mettre un mot sur tout ce que je ressentais.
J'appliquais donc, ces précieux conseils, et au fil des jours, en laissant ces émotions ressortir, en les acceptant, et surtout en les ayant comprises, je me sentais de moins en moins triste et dépressive. Je sentais retrouver petit à petit, un état "normal" à des moments de la journée, et de plus en plus souvent.
Je finissais par comprendre que ces émotions étaient la conséquence d'un changement brutal et énorme dans ma vie, incluant mes peurs et mes inquiétudes face à l'inconnu. Et plus je les comprenais plus elles s'estompaient.
" Si tu veux passer à autre chose, tu dois d'abord comprendre pourquoi tu ressentais ces émotions et pourquoi maintenant, tu n'as plus besoin de les ressentir."
Mitch Albom
Commentaires
Enregistrer un commentaire