Mon infertilité, mes fausses-couches et la PMA



Concevoir un enfant... Cela devrait être naturel et sans trop d'embûches. Du moins, c'est comme cela qu'on l'envisage lorsque l'on décide de se lancer dans l'aventure des essais et de concevoir notre mini nous.
Sauf que, pour beaucoup de femmes, les semaines, les mois, puis les années  vont commencer à défiler sans bébé à l'horizon. Il y aura même certains cycles avec du retard qui mettront nos espoirs à rude épreuve.

Lorsque bébé se fait attendre...




Après plusieurs mois infructueux, nos doutes sur notre fertilité se font ressentir  et notre impatience vire, doucement, à l'obsession.
On a beau entendre un peu partout, entourage et médecins, qu'il ne faut pas se focaliser dessus, au risque de provoquer un "blocage", c'est au-dessus de nos capacités.

Au bout d'un an en moyenne sans grossesse, les premiers examens médicaux d'infertilité nous sont proposés.
Mais lorsque l'on fait une première fausse-couche en dessous de ce délai, on vous dira : "cela a fonctionné, les fausses-couches sont très fréquentes, c'est la faute à "pas de chance". D'accord... Mais en entendant, la fausse-couche, bah faut la vivre! Et c'est une épreuve douloureuse, tant physiquement que moralement. 

Les fausses-couches...



Nous n'imaginons pas lorsque l'on tombe enceinte, une fin si rapide et tragique. A la vue du test positif, défilent déjà, dans notre tête, les neuf prochains mois de grossesse, et surtout, on visualise déjà un beau bébé en perspective. Le test positif annonce le top départ d'une nouvelle vie.
Alors, lorsque quelques semaines plus tard, la fausse-couche se déclenche, ce n'est pas "juste" une fausse-couche, c'est tout un rêve rempli d'illusions qui s'effondre...

Une fois ce "faux départ" digéré, on tente de se consoler, et d'y croire à nouveau. On essaie de garder en tête que le côté positif, en se disant qu'au moins on est "fertile". On espère que le sort ne s'acharnera pas deux fois de suite sur nous, et que la prochaine, sera la bonne. Les essais reprennent donc de plus belle, et le temps fait son travail de cicatrisation.

Fausses-couches à répétition...



Après ma première fausse-couche, il s'est passé deux ans avant que je ne retombe enceinte. J'ai donc eu le droit, pendant cette attente, aux premiers examens d'infertilité. Tous les résultats étaient bons. J'étais bien sûr soulagée, mais d'un autre côté, je me demandais pourquoi avais-je du mal à tomber enceinte.

Quelques mois après le dernier examen, je tombe enfin enceinte! Cette fois-ci, j'y crois à fond. Bon d'accord, comme la première fois... 😋
Une fois le cap des fameuses douze semaines (terme auquel les fausses-couches sont généralement écartées), ainsi que la première échographie passée, qui nous a montré un beau bébé en bonne santé, je respire! Ca y est, cette grossesse est la bonne, et j'aurai mon bébé.
Mais après la joie de cette première échographie, quelques jours plus tard, le drame... Je perds les eaux à seulement quatorze semaines de grossesse! Je ne savais pas de façon certaine ce qui m'arrivait, mais ce n'était rien de rassurant. Je gardais malgré tout espoir. Seulement voilà, à l'échographie, le verdict tombe... Mon col était complètement ouvert, il me restait très peu de liquide amniotique, et surtout, bébé était déjà bien avancé dans mon col. Il n'y avait plus rien à faire, le médecin m'a bien fait comprendre que je devais faire le deuil de ce bébé... On m'a donc hospitalisée car je risquais toutes sortes d'infections avec mon col ouvert. Du citotec, un médicament pour provoquer les contractions, m'a été proposé. Mais le coeur de mon bébé battait encore, faiblement, mais encore... J'étais incapable de le prendre. J'ai donc décidé de laisser faire "la nature", et en attendant, je profitais des dernières heures avec mon bébé, dans mon ventre. 
Vingt-quatre heures plus tard, les premières contractions se faisaient sentir. Ce premier accouchement a été un traumatisme physique et moral énorme pour moi. J'étais proche de l'évanouissement, le médecin a donc décidé de me faire un curetage pour extraire le placenta. Après quarante-huit heures de fièvre, je rentre enfin chez moi, sans bébé...



J'étais anéantie, vidée. C'est ce sentiment de vide qui m'a le plus marquée. Il fallait que je le comble, c'était devenu un besoin viscéral. Alors, malgré les recommandations de mon médecin, à savoir faire une pause de deux mois, je me suis remise "en scelle"! Mais pour m'aider à surmonter tout ça, j'avais besoin de partager ma douleur, et mes essais, avec des filles qui vivaient la même chose que moi, et qui me comprendraient. Je me suis donc inscrite sur un forum, j'ai créé un post, et j'y ai fait de vraies rencontres. Cela m'a donné la force et la motivation des débuts.

Comme un malheur n'arrive jamais seul, à peine deux mois plus tard, je perdais ma maman... Le choc! Fini l'obsession des bébés, et bonjour le deuil...
J'étais donc occupée à "refermer" toute la vie de ma maman, gérer la paperasse liée à un décès, et pleurer...
Deux autres mois plus tard, j'ai un léger retard, je fais donc un test, et là... Test positif 😲 Stupeur! C'était une grosse surprise! J'étais une loque, le moral dans les chaussettes, et j'ai réussi à tomber enceinte dans ces conditions?! Je l'ai pris comme un signe, c'était comme une récompense pour tout ce que je venais de traverser en peu de temps. Cette grossesse était la bonne!

La première échographie à trois semaines était bonne. L'espoir s'installait de plus en plus. Suite à ma dernière fausse-couche, j'avais insisté pour avoir des échos rapprochées. Donc deux semaines après, soit à cinq semaines, deuxième écho. Mais là, souci... La taille de l'embryon ne correspondait pas à son terme. Evolution à vérifier une semaine plus tard. Et malheureusement, il avait cessé sa croissance. La grossesse était arrêtée... Non, non et non! Pas maintenant, pas encore... J'étais dans une colère noire! Je n'attendais rien! Je me battais pour garder la tête hors de l'eau, affronter la mort soudaine de ma maman!J'étais déjà à terre!
De plus, comme le sort s'acharnait sur moi, la fausse-couche ne se déclenchait pas d'elle même, et j'ai du prendre du citotec pour expulser l'embryon. "Expulser"... Quel nom barbare... 
Je devais maintenant faire face au deuil de ma princesse, de maman, et de cette troisième fausse-couche. Une épreuve dans l'épreuve...



Le deuil de ma maman avait repris le dessus sur tout ça, ce fut une année très difficile qui s'en suivit. Même si je ne reprenais jamais de contraceptif, ma tête n'était plus dans les essais. Et puis mon corps avait pris un sacré coup!
Un peu plus d'un an après, l'envie revenait doucement, et je repris contact avec mon médecin. Comme j'avais fait trois fausses-couches consécutives, j'ai eu le droit, avec monsieur, à un bilan sanguin complet, qui était revenu dans les normes. Encore une fois, rien ne clochait non plus à ce niveau-là.

J'ai donc pris mon mal en patience, et deux années après ma dernière fausse-couche, je retombe enfin enceinte. Bon, j'avoue qu'à ce moment là, j'étais partagée entre l'excitation et la peur d'une énième fausse-couche. J'essayais de me préserver, mais c'était dur de ne pas céder à l'espoir. Je me fixais des caps à atteindre, d'abord trois semaines, puis cinq, huit, le fameux cap des douze semaines, etc. Mais je n'ai pu compter que jusqu'à treize... J'avais à nouveau perdu les eaux, à peine trois jours après ma dernière écho, alors que bébé allait très bien. Mon col s'était une fois de plus ouvert. Et cette fois, je savais exactement ce qu'il se passait. En chemin pour l'hôpital, mes larmes coulaient déjà, je savais ce qui m'attendait. A l'écho, le coeur de bébé ne battait plus cette fois. Du coup, j'ai de suite demandé un curetage le plus vite possible, je ne voulais pas revivre l'accouchement d'un foetus mort-né. J'allais revivre la douleur psychologique, je voulais au moins m'épargner la douleur physique. Malheureusement, j'ai vécu à nouveau les deux, à cause de l'incompétence d'un interne. J'ai accouché pendant le trajet, entre ma chambre et le bloc. J'ai tout expulsé naturellement. J'étais en colère, enragée, de revivre ce cauchemar une deuxième fois. J'étais tellement furieuse que, cette fois-ci, je ne voulais ni le voir, ni connaître le sexe. J'ai juste demandé s'il était "normal" pour son terme. Et il l'était. J'ai su par la suite que c'était à nouveau une fille... Une deuxième princesse s'était envolée.

Après plusieurs semaines à essayer de me remettre, et surtout à me calmer, j'acceptais de faire des examens plus poussés, que mon médecin m'avait proposés. Comprendre pourquoi mon col s'ouvrait. J'ai donc refait les examens initiaux, ainsi que l'AMH (taux qui détermine la réserve ovarienne), et une hystérosonographie (échographie en 3D de l'utérus). Mon taux d'AMH était faible, et mes fausses-couches tardives étaient dues à une béance du col de l'utérus fonctionnelle. C'est pour cela, qu'en dehors des grossesses, on ne voyait rien. Un cerclage était donc prévu pour une future grossesse, évolutive.

La PMA... (Procréation Médicalement Assistée)



Alors que j'attendais mes règles pour faire ma première IAC (Insémination Artificielle du Conjoint), voilà que j'ai du retard... Sans conviction, et impatiente de voir les" vilaines" débarquées, et faire mon IAC, je faisais un test. J'en revenais pas, il était positif! Un peu plus d'un an après ma dernière fausse-couche, et juste avant mon IAC, j'étais enceinte! Bon, comment vous expliquer ce que je ressentais? J'étais partagée entre un "signe" juste avant la PMA, ou une autre mauvaise blague... Je jonglais entre les deux. Mais pas pour bien longtemps! Après les premières prises de sang, le taux HCG (hormones de grossesse) ne doublait qu'une fois sur deux (normalement il double en moyenne, toutes les quarante-huit heures). Cela pendant quinze jours, jusqu'à ce que l'on puisse voir quelque chose à l'écho. Et trois semaines plus tard, le verdict était tombé : oeuf clair. Voilà, cinquième fausse-couche... Prise de citotec à nouveau.
J'étais une nouvelle fois très en colère! Pourquoi tomber enceinte pour vivre à chaque fois la même douleur, encore et encore? Une grossesse normale et à terme n'était-ce pas possible pour moi? Arriverai-je un jour à avoir un bébé? D'accord je tombais enceinte, mais aucune n'allait jusqu'au bout! Alors comment devenir maman, si mon corps n'était pas capable de tenir une grossesse?

J'avais attendu plusieurs mois pour faire mon iac n°1, tout était à refaire et à reprogrammer. Une perte de temps, pour rien...

Me revoilà, quelques semaines plus tard, pour mon iac n°1. Le spermogramme était bon, on m'a injecté environ huit millions de spermatozoïdes. J'y croyais à fond, cette fois c'était la bonne!
Hum, Hum... Et bah non! Les vilaines étaient bien là et sans retard. Grosse désillusion.
L'iac n°2 s'enchaînait. Quinze jours plus tard, même résultat...

Mon médecin m'a dit que ce n'était pas la peine d'aller jusqu'à six iac (nombre de tentatives auquel j'avais le droit), et que dans mon cas, la fiv était plus appropriée. Elle m'a donc écrit une lettre de recommandation, et orienté vers un centre de pma.

La fiv...

Retour à la patience oblige,je refais pour la énième fois, les examens d'infertilité, mais cette fois chez eux, et/ou dans des cabinets de leur carnet d'adresse.
Après plusieurs longs mois, c'est parti pour fiv n°1! Nous partons sur une fiv classique.
Après deux mois de traitements hormonaux, une multitude de piqûres à faire soi-même, telle une vraie infirmière, un blastocyste (embryon âgé de cinq jours) de transféré, le verdict tombe : prise de sang négative et règles qui arrivent dans la foulée.

Une pause de deux mois était imposée après chaque tentative. Après un torrent de larmes de fatigue, de déception, et de colère, je décidais de ne pas flancher. Je devais occuper ce temps de pause sainement, pour mon esprit et surtout pour mon corps. 
Je me suis mise au sport, j'étais très motivée, à faire du bien à mon corps et à ma tête! Avec ces dernières années semées d'embûches, j'avais besoin de me défouler, et d'évacuer toutes les émotions négatives.

La fin du premier cycle post fiv 1 approchait. Seulement voilà, rien, pas de règles à l'horizon... après quelques jours de retard, je décidais de faire un test... Waw! Il était positif! Je n'en revenais pas! j'avais accepté cette pause de deux mois, pour me faire du bien, penser un peu à moi et mon corps, en attendant sagement la deuxième tentative. 
J'étais heureuse et en même temps, j'avais encore et toujours cette peur, d'abord d'une fausse-couche précoce, puis d'une tardive... Je sentais cette épée de Damoclès planer sur ma tête.
Après trois fausses-couches précoces, deux tardives, deux iac, et une fiv, cette sixième grossesse était-elle la bonne? Neuf ans après l'arrêt de ma pilule, réussirai-je à devenir enfin, maman?

Lorsque la vie devient clémente...



Cette sixième grossesse était ENFIN la bonne!
Ce fut une grossesse à hauts risques, semée d'obstacles, alitée, et hospitalisée. Cette grossesse était le dernier combat, mais pas des moindres, pour être maman d'un bébé en bonne santé!

Je reviendrai sur cette grossesse miracle plus en détail, dans un prochain article, intitulé : "Grossesses à risques : béance du col et cerclage".

Les forums...



Après chacune de mes fausses-couches, je me surprenais à y croire, encore et encore, et à vouloir me remettre en selle, sans attendre. Mais ce qui m'a le plus aidé, le plus touché, a été le forum.
J'y ai fait la rencontre de femmes merveilleuses, et extraordinaires. Du forum, nous sommes passées aux réseaux sociaux, et avec certaines, nous nous sommes même rencontrées. Depuis je me suis séparée de mon conjoint, mais d'elles, jamais! 

Nous étions une bonne dizaine de nanas, déterminées à devenir et/ou redevenir maman, avec chacune, nos bagages derrière nous. Nous étions très soudées assez rapidement, dès que l'une d'entre nous flanchait, toutes les autres étaient là pour la relever, et lui redonner du courage, et du soutien. Et comme nous étions toutes dans la même "galère", on se comprenait.

Le temps que je réussisse à être maman, toutes sont tombées enceintes, avec un beau bébé à la clé, et même à deux reprises pour certaines, mais notre relation avait déjà bien évoluée, et elles ne m'ont jamais lâché. Elles ont toujours pensé à moi, et lorsque je suis enfin devenue maman, elles m'ont bien gâté! Elles étaient tellement heureuses pour moi, cela me faisait chaud au coeur.

Elles sont devenues des amies, mes "babyguerrières" forever! 💖 

Battez-vous jusqu'au bout!



Je ne concevais pas de baisser les bras, tant que rien ne m'empêchait physiquement, d'essayer, et tant que je n'étais pas ménopausée, je devais me battre, encore et encore.

Certes, les examens étaient bons dans l'ensemble, et je tombais enceinte. Mais le but d'une grossesse, n'est-il pas un bébé en bonne santé à l'arrivée? Bien sûr, nous ne cherchons pas à tomber enceinte, juste pour le plaisir de l'être, et encore moins, pour subir des fausses-couches.

A chaque test positif, l'espoir d'un beau bébé naissait, et à chaque fausse-couche, le même rêve se brisait, et mon coeur avec...


Le corps médical dédramatise trop souvent les fausses-couches. Comme elles sont fréquentes, et qu'ils y sont régulièrement confrontés, cela devient banal.
Mais pour une femme, qui a un réel désir d'enfant, ce n'est pas "juste" une fausse-couche. Ce n'est pas seulement le fait de perdre un bébé, c'est aussi renoncer à toutes les possibilités, et à ce qui ne pourra jamais être.

A chaque fausse-couche, le même rêve, se brise à répétition, comme si nous n'étions pas à la hauteur pour concevoir un enfant.
Le traumatisme physique et psychologique, est important, nous perdons beaucoup de confiance en nous, et nous avons un sentiment d'injustice, et d'infériorité face aux autres femmes. L'entourage ainsi que les médecins, n'en n'ont pas suffisamment conscience. 

Ne cessez jamais de vous battre pour vos rêves, ne laissez personne vous décourager, et relevez vous après chaque échec. Tant que vous n'avez pas atteint tous vos objectifs, allez au bout de chaque bataille. Et même si c'est long, même si ça fait mal, même si vous êtes à bout de souffle, respirez profondément, et continuez. La victoire n'en sera que plus belle! Vous êtes déjà une maman dans l'âme...



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